Journal de recherche d’Éloi Desgrams, chapitre 2, p. 46

« Je ne cherche plus à comprendre ce qui pousse les hommes à commettre des actes aussi révoltants. Mais à chaque fois que je pose le regard sur l’une de ces créatures… je ne peux m’empêcher d’y penser. La grande corruption a amené avec elle des possibilités de mutations dégoûtantes entre un homme et une bête. Un père humain, avec un animal femelle, peut maintenant créer ce qu’on appelle un Margul. Une abomination mi-humaine et mi-bête. Il ne faut déjà pas être sain d’esprit pour penser à s’accoupler avec un animal ! Mais les humains ne sont plus ce qu’ils étaient… J’ai même été témoin, à mon plus grand désarroi, d’hommes qui trouvaient le moyen de s’accoupler avec des rongeurs et plus petits animaux ! Luxure incontrôlable ou curiosité malsaine ? Je ne suis pas resté pour demander. Ces malades mentaux finissent souvent par mourir d’infections liées à la copulation ou tués par l’animal qu’ils ont violenté. Au moment où la bête femelle met à bas un Margul, il est immédiatement abandonné. Même la faune ne peut supporter d’instinct une telle infamie. C’est donc une chance tordue qui sourit à la survie des Marguls. Ils sont recueillis par d’autres légions, ou trouvent la force de survivre seuls. L’intelligence, la personnalité, et les habitudes de ces erreurs de la nature varient grandement selon leur mère animale. Ils sont imprévisibles et très difficiles à comprendre. Il y en a de toutes sortes ; moitié ours, moitié chèvre, moitié rat… Leur alimentation est celle d’un humain normal, mais ils ont définitivement des préférences selon leur bête. Cette engeance sordide est certainement responsable de m’avoir fait perdre toute foi en l’humanité. »