Journal de recherche d’Éloi Desgrams, chapitre 2, p. 113

« J’y suis presque… Toutes ces horribles créatures l’une après l’autre, décrites tel que mes abjects souvenirs me dictent. J’ai voyagé de villes en villages, écouté dans les tavernes et les ruelles pour découvrir le nom de cette… chose. Sans connaître son nom, j’ai découvert son existence une nuit ou l’un de mes compagnons manquait à l’appel. Je fus le premier à le trouver et à être témoin de sa transformation. Je l’ai vu retirer sa peau, se déchiqueter lui-même, lambeau par lambeau, alors qu’une sorte de liquide placentaire coulait de ses blessures. Puis sous sa mue, le même regard, mais son corps était devenu celui d’un Épouvantail ! Il me lança un dernier regard avant de disparaître dans la nuit, me faisant comprendre qu’il n’avait jamais été ce qu’il prétendait être. Cette entité n’avait jamais été mon ami. Cette découverte me fit voyager à travers tout Courbensaule, désespéré pour une réponse. Désespéré de comprendre ce que j’avais vu de mes yeux, mais qui ressemblait de plus en plus à un cauchemar. Je rejouais la scène encore et encore dans ma tête tel un dément, voyant chaque lambeau de peau tomber et laisser place à un grotesque Épouvantail. Pas un costume, non, mais un changement de peau. Comme si un serpent après sa mue devenait un scarabée ! Complètement incongru, incompréhensible ! J’appris donc des lunes plus tard que cette créature se nomme un Escobar. La légion sans visage. Pratiquement inconnu de la majorité des autres peuples, ils se complaisent dans la capacité à copier avec exactitude les autres légions. Même un boucher chevronné n’y voit que du feu ! Nul ne sait combien ils sont, s’ils sont organisés ou solitaires ou leurs buts derrière la supercherie. Mais ils sont là. Ils parlent comme vous, marchent comme vous, mais ne sont pas comme vous. Ils pourraient être n’importe qui… un voisin, un collègue, une figure emblématique de la cour ! Combien de temps cela dure-t-il ? Peut-être des centaines de cycles astraux sans que jamais personne ne les soupçonne ! Les Escobar sont-ils même au service de Razel ou sont-ils des ennemis qu’elle pourchasse dans le plus grand secret ? Tant de questions sans réponse, mais je sais qu’ils sont là, et je ne ferai plus jamais confiance à personne. »