La Bureaucratie de la Mort

Lorsque je revint à moi, je me précipitais sur mon journal afin de tout noter avant d’oublier ce qui m’avait été dévoilé. Voici donc tout ce que je pu retenir de ma visite:

 

Le bureau de la mort est un endroit où l’esprit va lorsque l’on meurt. À votre arrivée, on vous donne un numéro avec de nombreux chiffres et on vous fait patienter dans une file d’attente qui semble faire des kilomètres. L’attente détruit votre esprit, vous avez l’impression de devenir fou mais vous ne pouvez rien faire d’autre que de patienter jusqu’à ce que ce soit votre tour. Vous faites finalement face à un guichet dans lequel se trouve un bureaucrate qui évalue votre mort.  Si votre mort n’est pas absolument exceptionnelle ou que vous n’avez pas de contrat de mort finale sur votre tête, le bureaucrate encaisse vos Crimsons pour payer la taxe et la paperasse du coup de grâce et vous renvoie souffrir à Courbensaule.  Sans Transe-Morbide, vous ne vous souviendrez ni de votre visite, ni des circonstances de votre mort. Si vous ne possédez aucun Crimsons, les bureaucrates ouvrent un dossier de dettes à votre nom, ce qui est, de ce que j’ai compris, une très mauvaise situation.  Certaines façons vous permettent de visiter les bureaux de la mort de façon consciente. La drogue Transe-Morbide en est une et j’ai aussi entendu parler d’un rituel performé par des sorcières. Une des raisons d’aller voir les bureaucrates volontairement est pour aller rédiger un contrat de mort finale. Si vous souhaitez offrir la mort définitive à quelqu’un, c’est une des façons de procéder. Ne vous méprenez pas, il y a d’autres façons de mourir de façon permanente à Courbensaule, mais elles sont rarissimes. Dans tous les cas, assurez-vous de ne pas déranger les bureaucrates si vos poches sont vides. Leurs honoraires sont excessivement dispendieux.

Même la délivrance de ce monde ravagé est corrompue et sale. Impossible de trouver le repos. Condamné à vivre une misérable existence, s’endetter de morts banales et mourir que lorsque notre esprit sénile et torturé ne reconnait plus rien que sa propre abjuration. 


Quelle vie…