Journal de recherche d’Éloi Desgrams, chapitre 2, p. 54

« À chaque fois que je me demande ce qui pourrait être pire, cette réalité sordide me rattrape. Pétrifié devant cette hideuse création, je m’en remets à la décrire le plus fidèlement possible pour qui lira ce journal après que j’ai enfin pu quitter ce monde. Né d’expériences scientifiques abjectes, cet amalgame d’homme et d’insectes se nomme Mentipède. Maintenant peuplés sur nos terres, ils n’en sont pas moins répugnants et ignobles. Imaginez la malformation d’une union repoussante entre un humain et une araignée, ou d’une mante ou d’un forficule, d’un cloporte… Votre imagination est la clé de vos tourments ! Le Mentipède est un parasite qui se nourrit particulièrement de sang coagulé et de décharges humaines. Peu appréciés par les autres légions, ces visions cauchemardesques vivent près de dépôts d’ordures ou de fosses communes. Répugnants, les Mentipèdes semblent constamment en appétit et ne se gênent de rien. Un peu comme s’ils savaient à quel point ils sont ignobles et ont décidé de s’en ficher. Ces insectoïdes sont intrusifs et n’ont aucun respect pour l’espace de chacun. Leur humour particulier et leur attitude rendent facilement les gens inconfortables et ces monstres semblent aimer créer des malaises. Ces anomalies ne sont certainement pas des créatures pacifiques et ne se retiennent pas de tuer pour pouvoir ensuite déguster lentement leurs victimes. Les Mentipèdes couvent les cadavres de leurs proies le temps que la décomposition commence. Une fois que la putréfaction est entamée, ces abominations se gavent des sucs gastriques, organes et sang figés de leur martyr. J’imagine qu’on peut y voir un bon côté et se dire qu’au moins ils ne vous dévorent pas vivant. Le mauvais côté c’est que je ne crois plus pouvoir manger quoi que ce soit sans y songer. »