Journal de recherche d’Éloi Desgrams, chapitre 2, p. 69
« Les monstres sont nombreux en Courbensaule et la plupart sont hideux. C’est pourquoi le Vamnazûl est le plus pernicieux d’entre eux. Progénitures des Seigneurs Vampires, ils vivent seuls ou se réunissent en clan. La seule façon de les différencier avec les humains est les deux crocs acérés qui remplacent leurs canines. Ils ont également une lueur dans le regard qui trahit leur tempérament malsain. Ils peuvent être beaux à l’extérieur, mais ne vous méprenez pas, ils sont tous vicieux de nature à l’intérieur.
Les seigneurs vampires, en plus de leurs pouvoirs défiant l’imagination, possèdent celui de transformer des humains en ces créatures sans morale. Après la mutation, la création est abandonnée par le vampire et est livrée à l’amnésie que cause la transformation. Les Vamnazûls ne se souviennent pas de leur vie de mortels ni de qui les a engendrés. À part les quelques sentiments de “déjà-vu”, il se réveille seul et sans identité, à présent éternel.
L’immortalité a bien entendu ses conditions. Le Vamnazûl doit s’abreuver du sang d’un Seigneur Vampire minimum une fois par siècle. La non-conformité à cette loi vitale causera la mort définitive du Vamnazûl refusant de s’y soumettre. Mais ce qui nourrit réellement l’extase de ces bêtes sournoises, c’est le sang humain. Pouvant se nourrir de n’importe quelle légion, ils préfèrent de loin le goût enivrant du sang de la légion humaine. Le Vamnazûl est un prédateur et sa soif pour l’innocence est plus forte que tout. Son instinct lui dicte de le faire, de rejoindre cette exaltation cruelle en plantant ses crocs dans la peau douce des humains. Certains se contrôlent mieux que d’autres, mais je vous le dis, leur allure composée n’est qu’une ruse pour vous mettre en confiance.
Ces monstres assoiffés ont pourtant bonne réputation en ces terres damnées. Ils sont seigneurs, maires, banquiers, diplomates, tacticiens… Ils sont partout. Lorsque la nuit tombe, leur force, leur agilité et leur vitesse décuplent et ils sont pratiquement inarrêtables. Ils sont tous de fins manipulateurs et aiment l’excès. Il m'a été peu donné de voir des légions aussi dépravées et licencieuses que les Vamnazûls. Les immondes désirs obscènes auxquels ils se livrent sont suffisants pour se donner envie d’en finir en tant qu’humain. J’imagine que, quand on est immortel, il n’y a plus de limites à l’immoralité. Pas tout à fait morte, pas tout à fait vivante, cette légion provoquera la fin du genre humain si sa population continue de croître. »